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La Sentence

 

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Ancienne femme battue, Nunzia Benedetti

s’emploie dans ce texte à mettre en évidence la mauvaise foi et la lâcheté des conjoints violents qui acceptent rarement leur responsabilité dans l’engrenage qu’est le processus de violence conjugale. Mais elle s’interroge aussi sur un point trop souvent négligé en cette matière, à savoir l’aide qui pourrait être apportée aux personnes violentes, parfois en proie à un grand désarroi, les rares fois où elles ont conscience de leur égarement. Rejetés, non pris en compte, ces individus ne peuvent que réitérer leurs actes. En donnant la parole au conjoint violent, l’auteure ne le dédouane pas de ses responsabilités, bien au contraire, mais essaye de comprendre ce mécanisme qui l’a brisée et tente de se rendre symboliquement justice.

                                          La Sentence

"J'ai été élevé à la dure vous savez. 
C'était pas un tendre mon père. Il buvait, il nous frappait tous , ma mère devait me tenir pendant qu'il me donnait des coups de ceinture. 
Des coups, il m'en donnait tout le temps, pour des bêtises de rien. 
Dès qu'il rentrait, nous n'avions plus de souffle, à guetter sur qui il tomberait et pour quelle obscure raison ...C'était comme ça, personne ne disait rien, il ne fallait jamais le contredire. 
Moi, j'étais celui qu'il aimait le moins, mais le pire c'était pour ma mère, quand elle ne hurlait plus il sortait les pinces...
Des pinces monsieur le juge, des tenailles si vous préférez. Quand elle s'évanouissait, il la réanimait pour recommencer...
Moi, je n'ai jamais utilisé de pinces, je ne suis pas comme lui...
La baignoire! Mais c'était un moment d'égarement, rien de plus. 
Je ne cherchais pas vraiment à la noyer, je voulais juste lui faire peur. 
Elle le savait bien puisqu'elle m'avait pardonné. 
Elle m'avait pardonné, je vous jure! 
C'était pas méchant la baignoire...j'avais juste un peu bu, c'est tout, pas de quoi fouetter un chat n'est-ce pas?
C'est parce que je l'aimais trop! 
Il ne fallait pas qu'elle me quitte, j'aurai réussi à arrêter de boire, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain ces choses-là. 
Elle n'était pas assez patiente avec moi.
Plusieurs mois qu'est-ce que c'est dans un mariage? 
On est marié pour le meilleur et pour le pire n'est-ce pas? 
Elle n'était pas assez patiente ni assez docile, elle ne restait pas à sa place de femme! 
Il faut que chacun reste à sa place non? "

                                            Histoire  de ce texte

 

Je suis une femme battue, habituellement quand on a eu la chance de s’en sortir on dit « une ancienne femme battue », mais la vérité est que l’on ne revient pas indemne de ce genre de relation et qu’on est, certes, « recollé » plus ou moins bien, mais brisé quand même. On ne redevient pas ce que l’on était avant cette négation extrême de l’individu qu’est la violence conjugale. J’ai eu besoin d’écrire ce texte pour témoigner, mais surtout pour me rendre justice, ce que la société bien souvent est incapable de faire. Si je donne la parole au conjoint violent, ce n’est pas par charité, mais juste parce que je suis tout simplement toujours incapable de m’exprimer en tant que victime.

L’homme que je mets en scène dans ce texte et bien plus fruste et inintelligent que la moyenne des pervers narcissiques que sont souvent les bourreaux conjugaux (hommes ou femmes). Cela m’a permis de décrire clairement ce mécanisme qui s’il est souvent le fait d’êtres sophistiqués n’en relève pas moins d’une incapacité absolue à appréhender l’autre en tant qu’individu à part entière, l’instinct de propriété et l’absence d’empathie étant les principaux rouages de ce mécanisme dans lequel se débattent et victimes et tortionnaires.*

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