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Les Verres Tuent

"Mes veines charrient des torrents aigus d'épuisements brusques et de désarroi cyclique...Comment raisonner dans ce calvaire sans nom ?Comment ne pas sombrer dans le désespoir gluant suintant des brèches de mon âme ?
Je ne veux pas être un meuble exemplaire ."

"...il y a une autre vie, parfois plus passionnante, pour les gens subitement “assis”, mais j’ai trop de difficultés à envisager l’éducation d’un enfant dans cet état.
Pourtant mon enfant et moi nous sommes mis à partager des instants que nous n’imaginions même pas...

Il me fait découvrir sa musique, rythme tribal, vocabulaire imagé, et parfois délices de délires sémantiques, heureuses allitérations scandées sur des tempos ancestraux entêtants autant qu’hypnotiques... J’essaie de lui inculquer quelques connaissances de base, improvisations sublimes de pianiste de jazz, guitariste funk ou manouche, trompettiste d’antan, saxophoniste de ma jeunesse, ou les indispensables classiques : Requiem de franc-maçon et Nocturnes de nostalgique... mais aussi mes coups de cœur gospel, reggae, jusqu’à mes rebellions adolescentes alternatives et politisées
La Musique !
J’ai trop besoin d’être anarchiste, de n’avoir ni Dieu ni Maître et de remercier Satan, j’ai besoin d’attendre Madeleine avec des bonbons, de pleurer Paris de Barbés à la Place Clichy, de planer au milieu des flamants roses jusqu’en Louisiane en passant par l’île de beauté...
Mes oreilles me permettent de courir, de sauter, d’une Polonaise à une chanson à boire, de clochers d’églises en plantations de cannes à sucre, d’Andalousie en Kabylie... Je suis peut-être plus riche que certains valides qui entendent au lieu d’écouter !
Aujourd’hui, je plonge avec délice dans un morceau de blues au piano, la douleur de tout un peuple, l’expression de celui qui préférait le vieux rhum à l’eau bénite, l’expression de ceux qui rejetaient la main tendue d’un Dieu blanc pour implorer l’oubli de leurs peines, exorciser les plaies d’un peuple déporté, asservi... de cette abomination est issue cette fascinante mélopée qui scande l’histoire d’une errance au goût de sang et au bruit de chaînes, l’histoire d’une révolte sous-jacente... Je perçois mieux cette musique depuis que je souffre dans ma chair et dans mon âme... Je ressens cette musique vibrer en moi depuis que la vie m’a coupé les ailes, enchaîné, enchaîné à moi-même à jamais... Un langoureux tango dans les bras de Morphée me berce, m’éloignant pour un temps des épines brûlantes qui parsèment mon épiderme.
Pour un temps, jamais assez long, car l’éveil est généralement assez douloureux. »

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