Leitmotiv, je martèle, et je griffe, pour ne pas que je glisse, je m’attelle à la chaîne à insister sur ce riff, l’écrit aussi est musique ! j’ai besoin de cette convulsion mnésique, leitmotiv, mes repaires sont à terre, je m’accroche comme une mouche à son coche ! Avez vous déjà tenté d’écrire sous la douche ? On n’échappe pas à l’averse, même bruine, elle nous couche dans le lit de sa ruine et nos patiences à terre verse ! j’écris ce journal un peu partout, matinal, mon épanchement lacrymal se passerait bien de ce canal en brume fatale qui s’infiltre partout ! Putain tous mes cahiers sont trempés ! J'erre dans ma ville avec arme et bagages, mais je ne pense qu’à mon stylo ! J’ai écrit sur tout ! Les sets de table du Mac Do ont vu déferler mes mots au même titre que les tickets de caisse, de métro, j’ai pris les attestations de sécu, les mouchoirs et le PQ, j’écrirais même sur mon cul si je le pouvais ! Va trouver du papier ! leitmotiv, je te kif, mais sur quoi te graver ! J’ai fait des copies, sa mère vierge, à 20 centimes pour une page où gerber le cépage qui éclaire comme un cierge ma cage de verre ! Leitmotiv, mais sérieux j’suis capable de monter au braco pour un bloc de papier, écrire ou crever, j’suis dehors, mais l’auteur n’est pas mort et la pluie peut tomber, j’vais pas m’écraser ! J’écrirai sur les murs, sous mes jupes, sur ma peau, sur vos os, il peut pleuvoir sa mère par terre, toujours j’écrirai ! Je suis à la rue, trempée, affamée, à terre, mais j’m’en tartine j’veux des feuilles, j’en f’rais pas mon deuil, y’en a qui font la manche pour la thune, pour becqueter, pour boire, pour fumer, moi putain j’veux juste un morceau de papier ! Madame, monsieur s’il vous plaît !
Mon journal est comme ma vie, il s’envole, prend l’eau, essuie des culs, torche des vies, mais je l’empile, quoi qu’il advienne, je me saigne aux quatre veines, mon journal toujours me suit ! Leitmotiv, c’est l’esquif dans la tornade où je suis et je m’y accroche si l’ennui me fauche, si la mort s’ébauche et au loin luit ! Journal aucun mal ne me plie tant que sur toi mon désarroi s’essuie ! et de rimes sur lesquelles je ne compte pas je vis !
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