Adieu Salope
- magenbenedettinunz
- 14 août 2015
- 3 min de lecture
Le Journal d'une folle
"Putain, salope, qu’est ce que je t’ai aimé ! Tu m’offrais en retours bien plus que de l’amour, j’étais ivre de toi, fascinée , dépendante , tu étais si bandante , je ne voyais que toi ! Mes premiers souvenirs , de cet amour délire; me viennent de mes 16 ans ! Est-ce que tu te rappelles , nous étions des rebelles et allions sur les murs, moi écrire des slogans , toi avec tes onguents nous donner le courage , que l’on a qu’à cet âge pour défier les puissants ! C’est ce jour-là que je t’aie rencontrée , et nous ne nous sommes jamais longtemps quittée jusqu’à présent ! Chaque fois que je pensais ne plus savoir comprendre, tu m’as gentiment donné , le temps d’y repenser ! Chaque fois que d’un amour j’avais tristement fait le tour, tu m’as convaincue que je n’en avais qu’un perdu, pour dix en retrouver ! Faut admettre que tu es des menteuses , une des plus fameuses et que nul n’égale en cela ton talent ! Mais putain, ma belle que tu me mentes était ma seule attente et, je dois admettre que pour me chanter des sornettes nulle autre midinette ne se gavait autant que toi ! Sans parler de ce flot de désir dont tu pouvais m’emplir , toujours humide , amante capable de renverser mes sens à un point inouïs ! Sous ton joug , ma belle lubrique femelle ,j’ai plié , j’ai rampé , je me suis allongée, torride sur ton ventre avide , j’ai bu toutes tes suées , j’ai mille fois ta bouche embrassée et à chacun de tes baisers je me suis vue planer en d’autres ondes , en d’autres mondes , tout plutôt que ma réalité ! Un jour , encore au bord du précipice , j’ai léché ton calice et ton suc condensé sur mon âme délirante , m'a aussi tôt en d’autres limbes faits soudainement voguer ! Sans toi , ton amour , ton assiduité , je me serais mille fois flinguée ! Mais , en me mettant haletantes , en glissant tes doigts dans mes fentes , en étourdissant mes sens tu m’as mainte fois sauvée , sous tes caresses , ton ressac , j’ai tangué et je me suis toujours dans l'oubli et la torpeur , le désir et la langueur relevée , de mes douleurs mises à sac , mes mémoires sinistrées ! Putain qu’est ce que tu m’as fait rêver, mon essentielle , sans toi je ne serais que mémoire et fiel, mais tu as toujours su diluer ma peine sous tes assauts et tes baisés ! Et je dois avouer que seule toi ,salope , savais me faire tomber la culotte , pas que je sois prude ou snob , juste pas tentée par les mâles crétins patentés ! Je dois te quitter, ma belle , j’avance en âge et j’ai eu mon compte d’orages . Tu es trop facile , de moins en moins arrangeante et subtile , sans reconnaissance il est clair qu’aujourd’hui je suis , mais j’arrive dans une autre vie où tu n’as pas ta place , cruelle amante sous les caresses de qui je m'égare depuis trop longtemps , j’ai licencié mes amants , et voilà que vient aujourd’hui ton tour , on en a des comptes à régler en amour et voilà pour toi c'est aujourd’hui ! Je dois te quitter parce que tu me fais bien plus vieille que je ne le suis , avec toi certes je n’avais pas de mémoire, mais j’ai plié, j’ai vieilli ! Je ne pense pas que tu sois mon amie aujourd’hui ! à l’heure où je fais les comptes , à l’heure où je ne crois plus aux fées des contes , je dois te quitter ! J’arrive , sur cette douloureuse rive où l’on ne va plus que vers le sol , à la gravité se soumettre sans la moindre parole , qui tente d’y échapper n’est qu’un fol loin de toute sérénité ! C’est l’heure où l’on se courbe , le nez dans la tourbe , on plie et s'épanche , il n’est plus de chance pour en grâce nous tenir ! On ne peut plus que choisir de tomber lourdement ou en restant élégant ! Tu m’as toujours soutenue , même pour les pires de mes mues, mais je suis ingrate, je te quitte , je te tourne le dos , je prends la fuite , je suis lasse de n’être jamais lucide , il n’est plus temps pour moi de me laisser mourir , je t’ai adoré, ma douce bouteille, mais je ne me pendrai pas à ta treille ! "
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