Dolorès
- magenbenedettinunz
- 8 sept. 2015
- 2 min de lecture

"Je suis un monstre. Mes apparences sont autant de leurres et mes pulsions illicites me guident. Je suis colère, je suis violence et émotion. Je fais gicler la terreur en sursauts suraigus ! Trancher net la voix à l'intérieur de la gorge éperdue. J'aime ça ! Je les monte, d'un sourire aiguisé... Entre mes lèvres sang, d'un pli vertigineux, glissent en eux mes dents solides aux apparences sages... Ils suivent, pour la plupart, le mouvement houleux de mes hanches le long d'un quelconque escalier... Ils glissent leurs pantalons sur leurs chaussures et se raidissent quand en lieu et place de ma bouche ils sentent ma lame... Leurs vies s'écoulent sur le sol, en simples jets... Chaude et humide encore de leurs peurs, je redescends sur terre. Ils me croient jeune mais j'ai quelques siècles et quelques excisions de trop ! Ils m'ont forgée dans la violence de leurs instincts. Propriétaires de mon corps, ils m'ont fait esclave et victime. Et ils m'ont exigée soumise et douce ! Même les habits dont je devais couvrir mes charmes – pourtant divins – étaient prisons. Des carcans rigides et encombrants étouffants et limitant ma capacité à agir, à être efficace, dans d'autres occupations que leur bon plaisir. Longtemps, je n'eus pas d'existence légale ; jetée dès la fleur de l'âge du giron paternel dans le lit d'un étranger investi de tous les droits à mon égard. Éternelle mineure, je ne travaillais pas, ne votais pas, et ne pouvais en aucun cas être autonome. Je n'étais pas ! Attachée au bon vouloir d'un homme, mon seul destin était d'enfanter, dans la douleur de préférence, et d'élever des enfants, que l'on m'avait bien souvent enfoncés dans le ventre, sans amour, ni respect, ni tendresse. Captive de leurs cuisines, j'étais levée à l'aube, couchée après le soleil, pour m'entendre dire que je ne faisais rien !..." Texte protégé , en cours de publication !
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